Intervention de Sylvie Gustave Dit Duflo

Réunion du jeudi 4 avril 2024 à 15h00
Commission d'enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les territoires d'outre-mer

Sylvie Gustave Dit Duflo, vice-présidente du conseil régional de la Guadeloupe :

Le réchauffement climatique promet des temps très durs. Il nous faut faire preuve d'anticipation et de prospective.

S'agissant de l'aspect assurantiel, un travail important est mené. Nous comptons de très nombreux habitats informels, placés sur les zones littorales. Les assurances refusent de couvrir ces maisons si vous n'êtes pas titulaire d'un permis de construire ou lorsque vous résidez dans des zones à risque. Nous cherchons à régulariser ce qui peut l'être et à proposer, avec les maires, des solutions aux familles qui se retrouvent en difficulté. Je cite le cas de la ville de Petit-Bourg. La situation n'y est pas simple. En raison de l'érosion du littoral et du retrait du trait de côte, des maisons qui étaient bien en arrière des falaises sont aujourd'hui à leur bord. Une habitation est même à demi inclinée sur la falaise. Malgré cette réalité, il a fallu la patience du maire de Petit-Bourg et plus d'une dizaine d'années pour encourager les habitants à quitter cette maison.

Une action commune mérite probablement d'être menée avec les compagnies d'assurance envers les populations confrontées à ces situations. Il convient aussi de sensibiliser les habitants à l'importance de souscrire une assurance. La tâche n'est pas évidente, dès lors que leur niveau de vie est inférieur à celui constaté en métropole. Lorsqu'ils réussissent à construire une maison, l'assurance est un peu considérée comme la cerise sur le gâteau qu'ils ne peuvent pas se permettre.

Parfois, les compagnies d'assurance ne jouent pas le jeu. Je prends l'exemple des algues sargasses. Le Président de la République est venu en 2017 et a déclaré que le monde assurantiel devait prendre en charge les dégradations liées aux émanations des sargasses. Comme je l'ai indiqué, l'hydrogène sulfuré et l'ammoniac sont très corrosifs. Il faut vivre dans ces maisons pour comprendre la difficulté. La robinetterie est noircie et les fils électriques se retrouvent corrodés, ce qui oblige à changer de réfrigérateur tous les deux ans, de télévision tous les ans. Il faut même remplacer les tôles de votre maison tous les deux ou trois ans. Ces maisons sont assurées, mais les assureurs refusent de prendre en compte ces dégâts liés aux algues, au réchauffement climatique et à l'anthropisation des milieux.

L'un des rôles de la commission peut être d'installer un dialogue avec ces compagnies d'assurance pour leur expliquer que ces zones subissent le même phénomène depuis treize ans, qui ne diminuera pas. Il est vrai que les sargasses ne sont pas considérées comme une catastrophe naturelle puisque leur apparition est récurrente. Nous pouvons même prédire leurs périodes d'échouage.

Finalement, le réchauffement climatique ne nous interroge-t-il pas sur les innovations administratives à lancer pour faire face à ces situations inédites et répondre aux citoyens ? C'est toute la question.

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