Intervention de Jean-Philippe Nilor

Séance en hémicycle du jeudi 29 février 2024 à 15h00
Responsabilité de l'État et indemnisation des victimes du chlordécone — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Philippe Nilor :

Alors que la contamination au chlordécone continue ses ravages aux Antilles, l'État a aujourd'hui, à travers ce texte, l'opportunité historique de réarmer, un tant soit peu, son image et sa dignité. Par dérogation, nos pays ont été purement et simplement empoisonnés. Le chlordécone, pesticide ultratoxique interdit en France hexagonale en 1990 et aux États-Unis dès 1976, a pourtant été autorisé jusqu'en 1993 dans nos territoires, au mépris du principe de précaution et malgré sa nocivité connue et reconnue par les autorités publiques et scientifiques !

Nos terres, mers et cours d'eau sont durablement contaminés. Les concentrations en chlordécone y sont cinquante fois supérieures aux normes européennes. Nos cultures, productions animales et autres activités de pêche sont lourdement touchées. Plus de 90 % des Guadeloupéens et des Martiniquais ont été contaminés et l'on déplore une forte augmentation des cancers, notamment de la prostate, des malformations génitales et des problèmes de fertilité à l'heure où vous osez nous assigner des objectifs de réarmement démographique.

Ce scandale d'État tient autant à l'empoisonnement perpétré en parfaite connaissance de cause, qu'au refus obstiné de le reconnaître officiellement et de réparer ses préjudices. Il demeure l'un des symptômes les plus prégnants du continuum colonial avec lequel la France refuse de rompre.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion