Intervention de Christophe Béchu

Séance en hémicycle du mercredi 17 janvier 2024 à 21h30
Le sans-abrisme réceptacle des échecs des politiques publiques

Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires :

Monsieur Tivoli, je ne sais pas si c'est vous qui avez choisi cette place à l'extérieur du cercle de ceux avec qui le débat s'organise, mais j'ai bien l'impression que vous souhaitez faire un pas de côté, tant par vos propos, qui me sidèrent compte tenu du chiffre que vous indiquez, que par une facilité de parole qui tranche nettement avec la réalité de ce qui se vit sur le terrain.

Si tout était aussi simple, comment se fait-il que des pays dans lesquels le gouvernement compte des membres de partis nationalistes ou d'extrême droite, qui partagent vos vues sur la pression migratoire, ne réussissent pas mieux à endiguer les difficultés liées au logement que ceux où la gauche, y compris radicale, est aux responsabilités ? La situation est évidemment plus complexe que vous le prétendez.

En outre, 500 000 arrivées irrégulières sur le territoire pour seulement 300 000 personnes sans domicile fixe à l'arrivée, ce serait la preuve d'un dynamisme qui nous permettrait d'absorber chaque année l'équivalent de plus de 500 000 arrivées dans le parc de logements. Je me permets de vous dire que ces chiffres ne correspondent pas à la réalité.

Vous mélangez beaucoup de choses. Tout d'abord, les difficultés dans la construction neuve peuvent difficilement être imputées à la seule responsabilité gouvernementale quand, partout en Europe, quelle que soit la couleur politique des gouvernements, la hausse des taux d'intérêt et l'augmentation du coût des matériaux liée à l'inflation, qui est la conséquence de la guerre en Ukraine, provoquent une baisse du pouvoir d'achat immobilier.

Ensuite, le parallèle entre des logements vacants qui, pour beaucoup d'entre eux, se situent dans une diagonale du vide en déprise démographique, et les secteurs en tension dans lesquels se concentrent des populations précarisées n'est pas pertinent, à moins de mener une politique extraordinairement dirigiste et autoritaire par laquelle le Gouvernement déciderait de l'endroit où chacun doit habiter ; c'est peut-être votre souhait, voire votre rêve, mais cela ne fonctionne pas. La réalité, c'est que nous parlons de femmes et d'hommes qui ont la liberté de choisir où ils veulent habiter. Nous ne pouvons pas nous contenter de faire des basses mathématiques sur le sujet. Le débat mérite mieux, par respect pour tous ceux qui sont, au quotidien, les visages de cette solidarité.

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