Intervention de Laurence Boone

Séance en hémicycle du lundi 4 décembre 2023 à 15h00
Défense des démocraties face aux multiples menaces et tentatives de déstabilisation — Discussion générale

Laurence Boone, secrétaire d'État chargée de l'Europe :

Tout d'abord, permettez-moi d'avoir une pensée pour le ressortissant philippino-allemand décédé samedi soir à Paris et pour ses proches, et d'exprimer mes remerciements aux forces de l'ordre.

Je tiens à remercier le président du groupe Renaissance, Sylvain Maillard, le président de la commission de la défense nationale et des forces armées, Thomas Gassilloud, les députés Hadrien Ghomi, Anne Genetet et leurs collègues du groupe Renaissance d'avoir proposé à la représentation nationale l'examen de cette proposition de résolution.

Vous l'avez souligné à juste titre dans l'exposé des motifs du texte : nous vivons, depuis quelques années, un moment de brutalisation des relations internationales. Dans un monde où les compétitions s'exacerbent chaque jour davantage, où les règles sont de plus en plus bafouées, des pays autoritaires cherchent à saper notre modèle démocratique. L'emploi de la force brute pour agresser et éliminer un État souverain, comme en Ukraine ; les attaques terroristes les plus abjectes, comme celles qui ont touché Israël le 7 octobre dernier ; les opérations de désinformation qui visent à manipuler les opinions des sociétés démocratiques pour mieux les déstabiliser en y semant le trouble et la discorde : c'est tout le modèle d'organisation et de régulation des rapports internationaux visant à construire la paix au lendemain de la seconde guerre mondiale qui est attaqué. C'est le modèle démocratique, libéral, social, de confiance qui est attaqué ; c'est donc aussi le modèle européen.

Certains veulent balayer la paix, la démocratie, les règles qui devaient assurer la stabilité mondiale. La primauté du droit sur la force, le règlement pacifique des différends, l'universalisme des droits et des principes contenus dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée à Paris il y a soixante-quinze ans, presque jour pour jour, forment le socle de notre capacité à vivre dans la confiance, la tolérance et la liberté. C'est à tout cela que les régimes autoritaires veulent s'attaquer. Face à ce constat, nous devons tous – républicains, Gouvernement, Parlement, citoyens, associations – affirmer et défendre ces principes fondamentaux ; nous devons tous combattre la désinformation, nous interroger sur les manipulations. En effet, ces droits humains, ces principes, sont au fondement de notre République comme de l'Union européenne ; ils sont la raison pour laquelle des dizaines de millions d'hommes et de femmes de pays européens veulent rejoindre l'Union européenne.

Ce sont ces principes et ces valeurs que nos diplomates, ainsi que les ministres Catherine Colonna et Sébastien Lecornu, sous l'autorité du Président de la République, défendent en ce moment même au Proche-Orient. Le Hamas compte parmi les menaces qui pèsent sur la France. Quarante de nos compatriotes figurent au nombre des victimes des massacres barbares qui ont été commis le 7 octobre 2023 ; quatre d'entre eux sont toujours portés disparus. Vous avez également raison de mentionner l'Iran : ce pays arme, équipe et finance non seulement le Hamas, mais également de nombreux autres groupes non étatiques dans la région, comme le Hezbollah au Liban ou les Houthis au Yémen, qui n'ont en commun que leur haine d'Israël.

Face à ces menaces, le Gouvernement agit. Nous avons mis sur la table européenne des propositions de sanctions à l'encontre des principaux commandants du Hamas. Nous sommes engagés pour lutter contre le financement des groupes terroristes, dont le Hamas, et contre leur propagande, y compris la haine en ligne.

Nous avons pris des sanctions contre l'Iran ; à ce jour, plus de dix trains de sanctions ont visé des officiels du régime iranien, en réaction à la fois à la répression féroce qu'ils ont menée contre leur peuple après la mort de Mahsa Amini, et à la coopération militaire avec la Russie. Nous poursuivrons cette politique de sanctions. Le Hezbollah et l'Iran agitent la menace d'embrasement de la région : nous y répondons de manière ferme, sans ambiguïté. Le Président de la République et la ministre de l'Europe et des affaires étrangères ont passé des messages très fermes à leurs homologues iraniens sur ce point.

Nous agissons aussi pour le long terme : avec nos partenaires, nous œuvrons à créer les conditions pour une paix juste et durable au Proche-Orient. Certains – nombreux – ont pu un temps oublier les aspirations des Palestiniens. Ce n'est pas le cas de la France, qui les a toujours soutenues.

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