Intervention de Sébastien Peytavie

Séance en hémicycle du mercredi 4 octobre 2023 à 15h00
Plein emploi — Après l'article 11

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Peytavie :

Il nous donne l'occasion de revenir sur une promesse du Gouvernement, celle de faire converger les droits des travailleurs et travailleuses handicapées en Esat avec ceux des salariés.

« Resteriez-vous sept heures à trier des vis ? Eux, oui. » Face à cette publicité choquante pour un Esat, que change la promesse du Gouvernement ? Où est la convergence lorsqu'on lit les témoignages des travailleurs handicapés recueillis dans le livre de Thibault Petit dont je parlais hier ? « Ils nous poussent comme des malades à aller plus vite. » « Moi, j'ai pas l'impression d'être dans un service protégé. Des fois, ils viennent te chercher aux toilettes. »

Les travailleurs handicapés en Esat gagnent une misère – 751 euros en moyenne pour 35 heures de travail. Des financements publics toujours plus restreints mènent à une logique de fonctionnement de plus en plus axée sur la productivité, ce qui conduit à des cadences effrénées et à une dégradation des conditions de travail.

Certes, le travail en milieu dit protégé peut ouvrir la voie à un accompagnement social et médical – et peut dans certains cas créer du lien social, par exemple pour les personnes porteuses de handicaps lourds. Mais alors que seuls 0,5 à 2 % des travailleurs handicapés accèdent un jour au milieu ordinaire, et alors que se multiplient les témoignages relatant de piètres et dégradantes conditions de travail, le législateur doit cesser de faire l'autruche. L'obtention de tickets restaurant et des chèques-vacances est loin d'être suffisante. Le groupe Écologiste considère qu'il est temps d'aller plus loin et demande un droit de regard sur les conditions de travail en Esat. Plus largement, nous pensons qu'une convergence réelle passe par un modèle de salariat hybride, permettant de se rapprocher du droit commun tout en conservant un accompagnement médico-social. Mes chers collègues, prenons donc nos responsabilités : les travailleurs en Esat ne sont pas des sous-citoyens.

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