Intervention de Sébastien Lecornu

Séance en hémicycle du mercredi 12 juillet 2023 à 15h00
Programmation militaire 2024-2030 — Présentation

Sébastien Lecornu, ministre des armées :

Je tenais à commencer mon propos par là où je l'avais terminé, lorsque j'avais présenté ce texte il y a plusieurs semaines, en ayant une pensée pour les femmes et les hommes qui ont fait le choix de l'engagement au sein de nos forces armées, tout particulièrement nos blessés, nos tués et leurs familles, ainsi qu'aux nombreux civils de la défense. C'est à eux que je pense tout d'abord alors que le Parlement s'apprête à se prononcer sur le projet de loi de programmation militaire pour les années 2024 à 2030, à quelques jours de la fête nationale.

C'est un moment important pour nos armées, lorsque tous les cinq ans, six ans, parfois sept ans, le Parlement discute et vote un projet de loi de programmation pour notre modèle de défense : pour fixer un cap à nos armées ; définir les effets militaires que nous souhaitons produire face aux menaces qui pèsent sur le pays ; détailler les missions qui peuvent être confiées à nos armées et, bien entendu, les moyens que nous leur allouons en lien avec nos capacités industrielles.

C'est aussi un moment important pour la nation, qui prend la mesure du rôle fondamental que jouent nos militaires pour garantir notre sécurité, notre souveraineté et, en fin de compte, peut-être plus simplement notre prospérité.

C'est un moment important enfin pour les puissances étrangères qui nous observent, qu'il s'agisse de pays alliés ou de compétiteurs. Elles peuvent ainsi prendre acte de la puissance de notre République pour trouver, dans le respect des règles constitutionnelles qui encadrent les compétences de chacun, les moyens de relever les défis sécuritaires auxquels est confrontée la nation.

Avant même que la représentation nationale passe au vote après la discussion générale, je veux revenir sur les éléments qui ont permis, je le crois, je l'espère, que l'examen de ce texte soit utile pour le débat politique national sur un sujet singulier, avec une histoire française singulière, dans un moment mondial qui l'est tout autant.

Tout d'abord, si je forme le vœu que ce projet de loi de programmation militaire, le quinzième de la Ve République depuis la discussion du premier, en 1960, rencontre le succès grâce au vote par lequel vous vous prononcerez, je relève, comme je l'avais fait en présentant ce texte, que les questions liées à des enjeux fondamentaux de la construction de notre système de défense ne font toujours pas consensus. Je m'avance d'ailleurs un peu en parlant de vote positif, car ces projets de loi de programmation n'ont pas tous été adoptés. Le Parlement a en effet voté contre l'un d'eux, en 1992.

Les sujets de défense sont, bien entendu, des sujets politiques, au sens noble du terme, sur lesquels s'affrontent des modèles et des visions différents, qu'il s'agisse de nos alliances, du rôle et de la place de notre dissuasion nucléaire ou encore de la doctrine d'emploi de nos forces armées face à des menaces dont les contours ne sont pas toujours partagés par tous.

Je m'honore d'avoir pu mener ces débats avec vous au cours de l'examen de ce texte, débats qui ont permis d'apporter aux Françaises et aux Français un éclairage salutaire sur ce que chaque groupe politique représenté au sein de l'hémicycle propose concernant notre modèle de défense. Les sujets de réflexion n'ont pas manqué, la force des convictions et des arguments non plus, et il faut s'en réjouir.

Ce débat est sain et n'a rien de médiocre. L'adoption du texte à l'Assemblée nationale, par scrutin public, a été claire, mais elle n'a pas occulté des visions du monde – et donc de la défense – profondément divergentes, voire irréconciliables. L'examen du texte a en effet montré que certaines sensibilités politiques, en dépit de quelques clarifications inédites et bienvenues, avancent toujours dans une forme de flou, notamment en matière d'alliance…

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