Intervention de Johnny Hajjar

Réunion du jeudi 11 mai 2023 à 10h00
Commission d'enquête sur le coût de la vie dans les collectivités territoriales régies par les articles 73 et 74 de la constitution

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJohnny Hajjar, rapporteur, président :

J'ai entendu qu'une très forte concurrence existait, notamment de la part d'Air France. Je vais parler pour la Martinique et les Antilles. Il y a quelques années, on dénombrait davantage de compagnies aériennes, au moins deux de plus. Les prix étaient alors moins chers. J'ai du mal à comprendre qu'il y ait plus de concurrence avec moins de compagnies et que les prix sont beaucoup plus cher aujourd'hui. Je parle pour les Antilles, je ne m'avancerai pas pour les autres. Il me semble par conséquent incohérent de parler de très forte concurrence.

D'autre part, la DGAC emploie un indicateur qui me paraît totalement déconnecté des réalités : le coût par kilomètre par rapport à la distance parcourue, qui est un indicateur de comparaison, certes, mais qui n'a aucun sens économique parce qu'il ne prend pas en compte les zones de chalandise, donc les zones desservies. Le coût est différent pour un territoire à 10 000 kilomètres qui compte 200 000 habitants et pour un territoire à 10 000 kilomètres qui compte 3 millions d'habitants. Les recettes qui viennent en face sont nécessairement plus importantes en possibilités de circulation et de desserte.

Pourquoi restez-vous enfermés sur des indicateurs ? Je ne parle pas des différents coûts qui augmentent. Au demeurant, vous avez notamment pointé la partie relative au carburant pour ce qui concerne les compagnies aériennes, en particulier au niveau des Antilles. J'ai entendu parler de taxes. Des potentialités existent toutefois. Dans les outre-mer, il existait une compagnie aérienne low cost, dans le Pacifique également. Le niveau de concurrence est alors différent puisque les types de clientèle varient également. Les potentialités existent cependant.

Avec la pandémie, la situation économique a été pointée, c'est peut-être le troisième niveau, et en France, nous retrouvons la question de la dette. Je suppose que vous êtes tous à un niveau de dettes qui n'est pas négligeable. Vous savez comme moi que dans des modèles économiques, il est tout à fait possible de lisser cette dette afin qu'elle soit la plus supportable possible. De toutes les façons, les différents territoires sur lesquels nous travaillons sont des territoires enclavés. Le président de Corsair l'a souligné : il n'existe pas d'autres moyens que celui du maritime ou du terrestre. Dans le cas contraire, nous sommes complètement emprisonnés.

Enfin, quels sont celles et ceux de vos compagnies qui perçoivent de l'argent public de l'État, soit en capitaux puisqu'Air France contient des capitaux publics, soit en subventions s'il y en a, soit en exonération de charges si vous en avez ?

Si vous n'êtes pas en mesure de communiquer ces informations dès à présent, je vous remercie de nous transmettre les éléments. Cet argent est aussi de l'argent public qui provient du contribuable, et donc qui provient de la même personne qui veut voyager, qui subit de l'inflation à tous les niveaux (consommation, logement, transport, énergie), et qui de surcroît paie des impôts mais qui pour autant, voit le prix de son billet augmenter.

Je souhaiterais obtenir quelques précisions par ailleurs : le dernier indice des prix du transport aérien de passagers (IPTAP) publié par le ministère de la transition écologique en 2023, indique des évolutions au départ de l'ensemble des départements d'outre-mer. L'augmentation des prix d'avion a atteint 36,2 % au mois de mars. Cette tendance est contrastée selon les départements. Pour la Martinique et la Guadeloupe, nous atteignons 57 % et 56 %, tandis que les départements de La Réunion de la Guyane sont à 24 % et à 18 %. Enfin, l'évolution la plus faible est celle de Mayotte avec 5,8 %. J'aurais souhaité que les compagnies qui desservent ce secteur expliquent ce différentiel d'augmentation brusque des prix des billets d'avion. En outre, échangez-vous avec l'État à propos de solutions ? Il conviendrait en effet d'évoquer des solutions. Deux types de solutions apparaissent : des compensations financières ou en tout cas des solutions avec de l'argent public pour réguler. Le modèle économique doit cependant être lissé sur un certain nombre d'années, avec des potentialités pour le low cost, et ce principe a déjà existé.

Envisagez-vous de revoir votre modèle pour faire peser moins ? Le fait d'être captif pour la population est en effet une contrainte. Souvent, les habitants n'ont pas les moyens de se déplacer, ce qui implique une forme de discrimination.

Je vous ai également entendu parler de Ladom qui ne va que dans un sens. Je soulèverai également la question de la continuité territoriale, notamment des territoires qui sont dans l'identité législative, mais aussi de ceux qui régis par l'article 74 de la Constitution. Comparés à certains territoires des régions ultrapériphériques de l'Union européenne tels que les Açores, Madère, les Canaries, on constate que les niveaux de continuité territoriale ne sont pas les mêmes.

Quelles sont les solutions à envisager pour diminuer le coût des billets d'avion à court terme ? Je m'excuse, monsieur le président de Corsair, la transition écologique ne se fera pas dans un an ou deux ans, et même s'il faut rester réaliste, il devient anxiogène de parler encore d'augmentation. Le seuil de supportabilité est déjà dépassé. Les peuples de nos territoires n'en peuvent plus. Il n'est pas supportable pour une personne seule qui percevrait 1 500 euros d'acheter un billet sans bagages à 1 400 euros.

J'aurais souhaité obtenir quelques réponses orales, et surtout des réponses écrites plus complètes par la suite à partir d'autres questions qui vous ont été posées.

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